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VHS-1980
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6 décembre 2023

L'implacable ninja (1981)

Comment le ninja est passé de figure ancestrale de la culture japonaise à symbole personnifié du nanar d'action ? Quelques éléments de réponse dans l'article qui suit...

 

L'implacable ninja - Affiche

 

L'implacable ninja du titre, c'est Cole, unique Occidental à avoir bénéficié d'une formation de ninja. Son vieil ami Landers lui demande de la rejoindre chez lui aux Philippines car il est victime des coups tordus d'un homme d'affaires véreux...

Si historiquement le premier film d'action américain relativement important à mettre en scène des ninjas est le nanardesque La fureur du juste avec Chuck Norris en 1980, c'est bien l'improbable succès de L'implacable ninja qui va lancer la mode du ninja dans le monde de la série B. Derrière ce projet : Menahem Golan, patron de la mythique société de production américaine Cannon acquise en 1979 avec son cousin Yoran Globus. La légende raconte que l'idée de produire un film d'action lui serait venue après le visionnage d'un film d'arts martiaux à Hong Kong qui l'aurait fasciné. Il s'offrira au passage le poste de réalisateur quand Charles Bronson refusera d'être dirigé par lui sur Un justicier dans la ville 2. A l'époque, Golan avait déjà une vingtaine de réalisations à son actif, la dernière en date étant la comédie musicale BIM Stars (à se rouler par terre parait-il, je rêve de la voir). A noter que la titre original de L'implacable ninja est Enter The Ninja, en référence à Enter The Dragon, le titre original d'Opération Dragon avec Bruce Lee !

 

L'implacable ninja - Capture 1

 

Le spectacle proposé vaut son pesant de pastèques pour un chose : la présence inimaginable de Franco Nero en tête d'affiche ! La figure incontournable du cinéma de quartier italien des années 60 et 70 (Django forever !) aurait été engagée à la dernière minute, la production doutant à la fois du talent de comédien et de l'attrait commercial de Mike Stone, le scénariste-cascadeur initialement envisagé. Pour ceux qui adorent les westerns italiens, c'est tout bonnement délirant de voir Franco Nero jouer les ninjas ! Lui-même admettra ne rien connaitre en arts martiaux et c'est Mike Stone qui le double dès que nécessaire. Ceci dit, c'est la bonne pioche d'un point de vue marketing car Nero reste une valeur sûre du monde de la série B et un excellent comédien avec un charisme terrible, même affublé d'une grosse moustache et dans un rôle des plus incongrus ici ! L'autre gros morceau du casting, c'est Christopher George qui en fait des caisses dans le rôle du grand méchant (faut dire que lui et sa bande semblent sortis tout droit d'un dessin animé). On ne peut pas nier qu'il contribue également grandement au spectacle (la séquence de sa mort est entrée dans la légende du nanar). Celui qu'on a également vu dans le très sympa Grizzly, le monstre de la forêt ou Le droit de tuer décédera d'un infarctus en 1983 à seulement 52 ans.

 

L'implacable ninja - Capture 2

 

Avec son héros à qui le méchant refuse le statut d'authentique ninja pour la seule raison qu'il est occidental, ce film illustrera rétrospectivement le mépris dont feront l'objet le duo israélien Golan/Globus de la part d'une partie d'Hollywood tout au long des 80's. C'est assez surprenant, même si ce sous-texte est vraisemblablement involontaire. Après, ça reste une série B relativement poussive, la faute à une mise en scène de l'action "à l'américaine", c'est-à-dire basique, loin de la sophistication technique des films asiatiques. L'histoire est très classique et elle sort du lot uniquement grâce au folklore entourant les ninjas. On sent une tentative de donner un peu de consistance de ce coté-là en rappelant leurs origines historiques et leurs coutumes. Mais le plus fun reste leurs accessoires avec combinaisons colorées, shurikens, katana, nunchaku, sarbacane et autres bombinettes à fumée...

Menahem Golan a été à l'origine d'un nombre incroyable de projets foireux mais il faut avouer que sur ce coup-là, il a eu le nez creux (les mauvaises langues parleront de la loi du nombre...). Suite au succès inattendu de L'implacable ninja, deux vraies-fausses suites seront produites : Ultime violence en 1983 suivi de Ninja III l'année suivante (dont l'Indonésien Les 3 furies du ninja est un remake non officiel d'ailleurs). Toujours sous la bannière de la Cannon, une autre "saga" s'en suivra : American Ninja avec les inénarrables Mickael Dudikoff et David Bradley. Mais le plus drôle, c'est que cette vision toute américaine d'une figure initialement asiatique inspirera à son tour le cinéma de série Z hong kongais avec, à sa tête, le stakhanoviste Godrey Ho qui torchera à la chaine des dizaines de films de ninjas pour inonder les bacs à VHS des pays occidentaux dans la seconde moitié des années 80 !

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