Les 18 filles de bronze de Shaolin (1978)

L'histoire : un tyran sanguinaire a pris le contrôle du monastère de Shaolin et y forme secrètement 18 jeunes filles aux plus redoutables des techniques de combat. Une de ces combattantes a infiltré ce groupe pour se venger de la mort de sa famille.

Les films de kung-fu, c'est un peu comme les groupes de K-pop : c'est le concours à celui qui aura le plus de membres. Ainsi, on a déjà chroniqué sur ce blog Les 3 furies du ninja, 5 foudroyants de Shaolin sans oublier Les 7 successeurs du super maître de Shaolin et Shaolin et les 7 disciples de Taichi. Un jour, je chroniquerai sûrement l'excellent Les 14 Amazones de la Shaw Brothers mais je vous propose pour l'heure de passer directement aux 18 filles de bronze de Shaolin, production taïwanaise que beaucoup de sites web (dont IMBD) datent de 1983 alors que d'autres sites, essentiellement asiatiques, datent de 1978. C'est quand même dingue qu'on est incapable de dater correctement un film qui a moins de 50 ans. Bref, cette production de série B peut se voir comme une réponse féminine au diptyque à succès Shaolin et les 18 hommes de bronze/Le retour des 18 hommes de bronze réalisés en 1975/76 par Joesph Kuo que l'on connait ici pour son hilarant Ninja Kids.

Le montage distribué en occident en salles et en vidéo dure 89 minutes mais nul doute que la durée originale est plus longue. A plusieurs moment, la narration subit des coupes à la tronçonneuse, ce qui rend l'ensemble particulièrement dur à suivre (le récit est beaucoup trop ramassé pour être honnête). A cela s'ajoute un doublage français en roues libres, sans doute basé sur une traduction anglaise qui elle-même a sans doute pris d'énormes libertés. Je vous laisse imaginer le désastre : ON NE COMPREND RIEN (mais pourquoi je crie au fait !?). Les deux premiers tiers, laissant une grande part à la comédie à base quiproquos lourdingues, mettent en scène une multitude de personnages qui jouent tous un double-jeu si bien qu'on ne sait pas qui est qui, qui veut quoi et quel est le but de tout ça. Il y a plein de personnages secondaires qui apparaissent et disparaissent sans que l'on sache ce qui les amène dans cette histoire, le pompon revenant à au personnage Ladykiller dont le début d'idylle avec le bellâtre de service, puis la mission de tueuse... ne mèneront à rien ! Le plus drôle est que ce foutoir scénaristique transparait dans les dialogues, les héros se demandant régulièrement qui est vraiment qui et ce qui se passe... sans avoir de réponses claires !

C'est franchement dommage parce que les première minutes sont accrocheuses avec le look aussi réussi qu'intriguant des filles de bronze. Ce coté statuesque donnait une légère dimension fantastique au récit mais il est malheureusement inexploité. Pareil avec quelques jolis passages en costumes, aussitôt désamorcés par des gags pouêt-pouêt et par la médiocrité des scènes d'action (combats mous du genoux et sabres rarement utilisés bien que trimballés à longueur de récit). On notera néanmoins un dernier tiers plus pêchu avec surtout un passage incroyable dans une pièce aux pièges multiples et délirants faisant penser au génial Cube de 1997 (Vincenzo Natali aurait-il été inspiré par ce film ?). Si seulement l'ensemble avait été aussi inventif et soigné que cette unique scène. En l'état, il s'agit surtout d'un spectacle sans queue ni tête assez frustrant.