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VHS-1980
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3 novembre 2021

Mister Dynamite (1986)

J'ai récemment mis la main sur Ciné Kung Fu, super bouquin de 1988 retraçant l'histoire du cinéma d'arts martiaux hong kongais. Y est évidemment évoqué le cas Raymond Chow qui a rejoint dans les 60's la prestigieuse Shaw Brothers d'abord à un important poste marketing, avant d'avoir un rôle prépondérant dans le processus de production. Une collaboration riche mais qui prit fin brutalement à l'aube des 70's pour différence de vision du marché, suite à la démocratisation galopante de la télévision. Lui croyait en l'obligation de s'ouvrir à l'international, en misant sur la qualité avec une politique de star. La Shaw Brothers était attachée à son modèle de studio à l'ancienne, presque artisanal avec une identité asiatique forte. L'histoire donnera raison très rapidement à Raymond Chow puisque son premier film monté avec sa nouvelle société, la Golden Harvest (qui deviendra mythique), sera Big Boss avec Bruce Lee en 1971. Le budget riquiqui de 50.000 dollars sera remboursé en deux jours d'exploitation et son acteur principal deviendra une poule aux œufs d'or... qui disparaitra bien trop tôt en juillet 1973. Pour la Golden Harvest, il fallait trouver un nouveau porte-étendard, une figure qui deviendrait internationale. Après quelques années de recherches sans succès, Raymond Chow va trouver sa future nouvelle vedette. Elle excelle déjà à Hong Kong dans la populaire "kung fu comedy", elle s'appelle Jackie Chan. L'association va faire des étincelles tout au long des années 80.

 

Mister Dynamite - Affiche

 

L'histoire : Jackie Chang, dit "Le Faucon", est un ancien chanteur populaire reconverti dans la chasse aux trésors (!!). Après avoir trouvé des pièces de "l'armure de Dieu", un ancien artefact religieux, il apprend que la fiancée de son meilleur ami a été enlevée. Les kidnappeurs réclament les objets sacrés en échange de la libération de la jeune femme. Un riche collectionneur accepte d'aider Jackie a une seule condition : qu'il emmène dans son aventure sa fille May pour surveiller l'armure.

Nous sommes en 1986 et Jackie Chan est au sommet de sa gloire en Asie. Après le film en costumes avec Le marin des mers de Chine en 1983 et le polar avec le génial Police Story en 1985, le comédien très prolifique à cette période enquille cette fois avec le film d'aventure et passe une fois de plus derrière la caméra (on n'est jamais mieux servi que par soi-même). Mister Dynamite ne cache même pas son inspiration lors d'une séquence faisant référence à Indiana Jones et le temple maudit sorti deux ans avant. Le spectateur n'est en tous cas pas dépaysé et voit livré sur un plateau d'argent ce qu'il attendait : un déluge de cascades toutes plus folles les unes que les autres et un esprit très décontracté laissant place à des instants de pure comédie (l'arrivée inopinée de quatre amazones dans le final me fera toujours rire, d'autant que leur doublures sont ostensiblement mâles dans certains plans !). Outre les exploits physiques de notre acteur/cascadeur préféré (qui lui vaudront un traumatisme crânien à cause d'une branche cassée...), il y a les cascades motorisées complétement folles supervisées par le français Rémy Julienne. Les voitures s'envolent, frôlent les cascadeurs à pleine vitesse... Il y a clairement une volonté d'impressionner le spectateur et, quoi qu'on en dise, ces cascades "live" sont infiniment plus efficaces que les effets numériques les plus explosifs.

 

Mister Dynamite - Capture 1

 

La politique de la Golden Harvest étant aussi de toucher le public occidental, il a été décidé de planter la majorité de l'histoire en Europe (après une intro dans une Afrique de pacotille qu'il serait impossible de re-filmer tel quel sans être accusé de racisme). Voir Jackie Chan vivre ses aventures dans les ruelles italiennes ou dans des décors touristiques d'Europe de l'est est rafraichissant. Il est accompagné de l'actrice espagnole Maria Forner avec qui il avait déjà joué dans Soif de justice deux ans auparavant. L'autre grosse référence au cinéma d'action occidental réside dans son coupé-cabriolet Mistubishi devenu emblématique avec ses gadgets dignes de James Bond !

 

Mister Dynamite - Capture 2

 

Au-delà du caractère sympathique, plein d'entrain et sans prétention du spectacle, il faut aussi admettre qu'il n'est pas parfait. Je le place en tous cas en-dessous de Police Story par exemple. Le gros problème est scénaristique (un défaut récurrent chez Jackie Chan) avec des personnages peu ou pas exploités (celui de Rosamund Kwan est quasi-inexistant) et une structure linéaire un brin décousue (surtout lors du final dans le monastère où ça s'étire en longueur). Ce problème peut s'expliquer par le fait que le montage distribué en France ne dure que 75 minutes alors que le montage original hong kongais en durerait 20 de plus ! Je ne sais pas ce qui a été coupé mais des personnages en ont peut-être pâti et ces coupes relativement longues ont sans doute modifié la construction du récit. Par exemple, la violence de la scène de l'enlèvement tranche avec le reste du film, le montage original est-il globalement plus violent que le montage français ? Mystère et boules de gomme. Si un lecteur a vu la version intégrale, qu'il n'hésite pas à éclairer nos lanternes dans l'espace commentaires.

Dans tous les cas, le personnage du "Faucon" sera assez populaire pour connaitre deux autres aventures : le très cool Opération Condor en 1991 (toujours réalisé par Jackie Chan), puis le tardif Chinese Zodiac en 2012 (dont j'ai appris l'existence en préparant cet artiche et qui ne semble pas avoir une bonne réputation, à confirmer).

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